Infoclimat / Gardifornie
« Trous à froid » : ces lieux particuliers où il peut faire plus froid qu'ailleurs
01/12/2025 Fin novembre 2025, à la suite d’un bref épisode neigeux sur les massifs de l’est du pays, un air d’origine polaire s’est engouffré sur l’Hexagone. La journée du samedi 22 novembre 2025 a été la journée la plus froide enregistrée à l’échelle nationale depuis novembre 2010. Les fortes gelées ont fait leur apparition dans les régions de l’est. Dimanche 23 novembre, on a relevé au minimum -10.6 °C à Colmar (68), -10.1 °C à Porcelette (57), -9.2 °C à Strasbourg (67) ou encore à Aillevillers (70).
Dans certaines vallées, le mercure a chuté de façon encore plus spectaculaire. Nous pouvons citer Le Frasnois (39) avec -22,3°C, Les Fourgs (25) -20,4°C, La Mure (38) -19,5°C, Pontarlier (25) -19,3°C, Mijoux (01) -18,9°C ou encore plus connu, Mouthe (25) -18,5°C.
Ces villes ou villages ont la particularité de se trouver dans ce qu’on l’on appelle des « trous à froid ». Que sont ces « trous à froid » ? Pourquoi y fait-il beaucoup plus froid qu’ailleurs ?
Qu’est ce qu’un « trou à froid » ?
Les « trous à froid » sont des endroits, souvent des vallées encaissées, dans lesquelles, dans certaines conditions météorologiques, l’air froid peut s’accumuler et les températures nocturnes s’abaisser en dessous de -20 °C.
On retrouve ces trous à froid dans l’ensemble de nos massifs
Les trous à froid les plus connus sont Mouthe dans le Doubs avec son record de température de -36,7 °C enregistré le 13 janvier 1968 ou la vallée de Chamonix. Ce sont des zones généralement loin de toute mer ou océan, ce qui leur confère un climat semi-continental. Cette tendance au froid est renforcée par l'altitude : Mouthe est situé à 930 m d'altitude dans le fond d'une « combe », val en forme de large cuvette dans lequel l'air froid s'accumule en l'absence de vent. C'est au fond de ces combes que le thermomètre descend le plus bas.
D'autres zones présentant les mêmes particularités géographiques connaissent également des températures très basses : la Brévine en Suisse, station qui détient le record de froid officiel en Suisse avec -41,8 °C le 12/01/1987), la Combe du lac de Lamoura, la combe des Cives à Chapelle des Bois, le plateau du Grandvaux, le plateau de Maîche… La plupart de ces sites n'ont pas de poste de mesure de température officielle, mais sont aussi froids.
A la Brévine, ce dimanche 23 novembre, le thermomètre est descendu à -26.3°C et n’a pas dépassé -7.4°C la veille, le samedi, montrant bien qu’une poche d’air froid était piégé pendant plus d’une journée sans qu’elle puisse se dissiper durant la journée, favorisant la chute spectaculaire le dimanche matin.
Lire aussi : Pourquoi un tel écart de températures entre le matin et l'après-midi ?
Conditions météorologiques favorables aux trous à froid : inversion nocturne et topographie particulière
Les « trous à froid » se forment lors de conditions anticycloniques d’hiver, avec un vent d'est faible et un ciel bien dégagé. Pendant la nuit, l'air situé au niveau du sol devient plus froid que l'air plus en altitude : on parle alors d'inversion de température. La nuit, le sol ne reçoit plus de rayonnement solaire et perd progressivement de l'énergie par rayonnement infrarouge. Cette perte d’énergie se traduit par une diminution de la température tout au long de la nuit et l'air au contact de ce sol froid se refroidit à son tour. Dans les fonds de vallées, l’air froid (plus lourd et dense que l’air chaud) se retrouve alors piégé et s’accumule.
Au phénomène d'inversion nocturne s'ajoutent d'autres facteurs, qui contribuent à refroidir encore davantage les nuits d'hiver :
- le fait que les combes soient peu boisées. L'absence de végétation au fond de la vallée favorise le refroidissement du sol par rapport aux zones recouvertes de forêts, qui contribuent au contraire à limiter les pertes par rayonnement ;
- la présence de la neige au sol, qui entraîne une déperdition d'énergie nettement plus importante qu'un sol engazonné, surtout lorsqu'il s'agit de neige fraîche. Dans une masse d'air déjà froide, la présence de la neige va favoriser une chute supplémentaire de la température de l'air qui peut atteindre 10 à 20 degrés selon la nature des cristaux de la surface du manteau neigeux ;
- la topographie particulière des combes à fond plat. Cette forme de « cuvette » favorise la déperdition d'énergie par rayonnement ;
- lorsque le vent tombe, le brassage de l’air est quasiment nul et piège encore plus le froid dans la cuvette en l’empêchant d’en sortir.