Entretiens La chaleur précoce a entraîné une floraison avancée cette année, aussitôt mise en péril par les gelées tardives.

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Chaud, froid : comment expliquer ces brusques changements de temps ?

13/04/2021

Le 31 mars était la journée la plus chaude enregistrée pour un mois de mars et plus de 150 stations du réseau de Météo-France battaient leur record de chaleur de mars. Une semaine après seulement, plus de 80 stations battaient cette fois-ci leur record de froid d’avril. Comment expliquer ce grand écart ? Christine Berne, climatologue à Météo-France, répond à cette question.

Quelle est l’explication météorologique de ce changement subit ?

Fin mars, une zone dépressionnaire au large du Portugal a entraîné de l’air chaud depuis le continent africain sur l’ouest de l’Europe. Et quelques jours plus tard seulement, la situation météorologique à grande échelle a subitement basculé. Une zone anticyclonique de hautes pressions s’est positionnée sur l’Atlantique nord et a dirigé de l’air polaire sur notre pays. Ce changement très rapide de masse d’air a provoqué ce grand écart de température.

Pourquoi ces fortes variations se produisent-elles à cette période de l’année ?

Le printemps est traditionnellement la saison des transitions et des contrastes. Au printemps, on peut encore connaître des gelées tardives ou déjà des chaleurs précoces. Les dictons sont là pour nous le rappeler : il peut encore geler jusqu’à la mi-mai qui correspond à la période des Saints de glace. Les gelées tardives sont fréquentes au printemps. En 2019 par exemple, la Corrèze et le Cantal ont été touchés par le gel début mai. Ce qui est exceptionnel cette année, c’est la conjonction entre un épisode de chaleur précoce très marqué fin mars et l’épisode de gelée tardive d’une durée et d’une intensité remarquables dans la foulée, provoquant des dégâts importants sur l’agriculture.

Et ce grand écart est d’autant plus éprouvant pour la végétation… Pourquoi  ?

La chaleur précoce a entraîné une floraison avancée cette année, aussitôt mise en péril par les gelées tardives. Les études sur le changement climatique montrent que la date de floraison, de la vigne et des arbres fruitiers notamment, se produit de plus en plus tôt. On a aussi deux fois moins de gelées tardives que dans les années 1960. En revanche, on ne peut pas dire en l’état actuel des recherches si le changement climatique a une influence sur la fréquence de ces changements brutaux . Ce que l’on peut dire, c’est qu’avec cette évolution du climat, on connaît de plus en plus d’années où des gelées se produisent après la floraison. C’est ce qui vient de se passer : les chaleurs record ont entraîné une floraison très avancée et les gelées record ont accentué les dégâts.