Planète La tempête Barra ce mardi matin sur les côtes irlandaises.

Twitter / @mouseholeman

La tempête Barra frappe l’Irlande

07/12/2021

La tempête Barra a gagné les terres irlandaises ce mardi 7 décembre dans la matinée, après un creusement explosif. À 6 UTC, la pression au centre de la dépression était estimée à 961 hPa, soit une chute de 55 hPa en seulement 24 heures ! L’Irlande sera durement frappée avec des rafales de vent entre 90 et 130 km/h, localement plus sur le littoral. On a déjà mesuré 133 km/h à Sverkin Island et 119 km/h à Roches Point et sur l’aéroport de Cork.

Un creusement explosif de 55 hPa en 24 heures

En météorologie, on parle de bombe lorsqu’une dépression se creuse de 24 hPa ou plus en 24 heures, pour décrire son développement rapide. Dans le cas de Barra, la pression est passée de 1016 hPa lundi à 6 UTC, alors qu’elle se trouvait dans l’Atlantique à environ 1 000 km au large de Terre-Neuve à 961 hPa 24 heures plus tard. Son creusement est l'un des plus rapides observé depuis 40 ans.

Comment se forment ces tempêtes explosives ?

Les tempêtes de nos latitudes, tirent leur énergie de la différence de température entre les régions chaudes proches de l’équateur et les régions froides du côté de l’Arctique, dans les basses couches de l’atmosphère mais aussi en altitude. Le jet-stream est un tube de vents forts qui se développe à des altitudes entre 8 et 12 km à la zone de contact entre masses d'air tropical et masses d'air polaire. Plus la différence de température est importante, plus le courant-jet souffle fort, généralement entre 200 et 300 km/h.

L’atmosphère est toujours à la recherche de l’équilibre entre les différentes forces auxquelles elle est soumises (pression, gravité et Coriolis (liée à la rotation de la terre)).

En cas d’écart à cet état d’équilibre, l’atmosphère va répondre en générant des vitesses verticales destinées à retrouver cet équilibre, en ramenant de l’air chaud là où une anomalie amène de l’air froid, et inversement.

Ainsi, dans le cas d’une anomalie de basses couche, par exemple une incursion chaude dans une masse d’air froid, associée à un minimum de pression, des subsidences vont se développer à l’arrière du minimum, et des ascendances à l’avant.

À l’arrière, la subsidence a pour effet d’apporter de l’air plus chaud dans les basses couches, soumises à une advection froide. Précisons que l’atmosphère est stable à grande échelle, avec l’air potentiellement plus froid (et lourd) à sa base et l’air potentiellement plus chaud (et léger) au-dessus. La baisse des températures qu’on observe en s’élevant est liée à la baisse de pression avec l’altitude, la détente associée entraînant une baisse de la température.

En altitude, une anomalie froide et cyclonique au niveau du courant-jet va être associée à des ascendances à l’avant et des subsidences à l’arrière.

C’est le couplage de ces anomalies qui va permettre aux vitesses verticales de s’étendre sur toute l’épaisseur de l’atmosphère et d’étirer les tourbillons. Ainsi, lorsque les anomalies, dans les basses couches et en altitude, sont en phase, les effets se conjuguent et se renforcent mutuellement permettant une baisse rapide de la pression au niveau de l’anomalie chaude dans les basses couches de l’atmosphère.

Ces anomalies ont plus d’effet au niveau du courant-jet là où les différences de températures sont les plus marquées, et le réservoir d’énergie plus important, c’est pourquoi on appelle le courant-jet le rail des dépressions. Un courant-jet fort, associé à un contraste thermique encore plus important, a pour effet d’exacerber les réactions de l’atmosphère.

Dans le cas de la tempête Barra, une nette accélération du jet a ainsi contribué à son creusement explosif.