Planète Image du satellite GOES le 6 octobre 2020 à 12 UTC, Delta est au sud de Cuba.

Météo-France

L’ouragan Delta se dirige vers le sud des États-Unis

08/10/2020

Après avoir touché le Yucatàn, l'ouragan Delta s'apprête à toucher le sud des États-Unis. Il se renforce actuellement dans les eaux chaudes du golfe du Mexique et devrait toucher terre vendredi en fin d'après-midi sur les côtes sud des États-Unis, déjà fortement touchées cette année.

Delta poursuit sa route vers les côtes sud des États-Unis

Delta a touché terre hier dans la région de Cancun en catégorie 2 de l'échelle de Saffir-Simpson, avec des vents dépassant les 176 km/h en rafales et des pluies diluviennes.

Affaibli par son passage dans les terres, Delta poursuit actuellement sa route dans le golfe du Mexique dans un environnement favorable à une nouvelle intensification.

Avec des vents soutenus (moyennés sur une minute) observés de 155 km/h ce jeudi à 9 h UTC, il atteint actuellement la catégorie 2 sur l’échelle de Saffir-Simpson mais est prévu se renforcer en ouragan majeur d’ici la fin de nuit.  

Sa  trajectoire devrait alors s’incurver pour prendre le chemin des côtes sud de la Louisiane. Sur des eaux moins chaudes et dans un contexte météorologique moins favorable, il devrait faiblir quelque peu et atteindre en catégorie 2  avant d'atterrir sur les côtes sud des États-Unis.
Les prévisionnistes du NHC (National Hurricane Center) soulignent que, lors de sa course dans le golfe du Mexique, Delta devrait s’élargir très nettement par rapport à ses dimensions actuelles pour atteindre une taille remarquable, affectant ainsi une zone conséquente du littoral lors de son arrivée dans les terres américaines.  
 

Trajectoire prévue de Delta. © NOAA/NHC.

Une saison cyclonique exceptionnelle

25e tempête nommée, 9e ouragan, Delta est devenu le 3e ouragan majeur de cette saison exceptionnelle.

Cette saison est surtout remarquable par le nombre de phénomènes et par la précocité de formation dans la saison de chacun d’entre eux : depuis la formation de Fay, sixième tempête de la saison, chaque phénomène nommé détient un nouveau record de précocité dans l’ère satellitaire, à chaque fois devant 2005, avec une précocité de plus en plus remarquable. Ainsi, Delta bat le record de précocité d’un 25e système de plus d’un mois, l’ancien datant toujours de 2005.

Le nombre de phénomènes cycloniques est également exceptionnel avec 4 phénomènes nommés… avec des lettres grecques ! En effet, la liste de base contenant 21 noms, les phénomènes suivants sont baptisés suivant l’alphabet grec. C’est la seconde fois depuis le nommage des ouragans que l’on recourt à l’alphabet grec, la première fois étant 2005.

Une forte activité cyclonique était prévue cette année en début de saison et confirmée à la mi-saison, avec un remarquable consensus des différents services de prévision, en raison de trois facteurs :

  • une phase la Nina dans l’océan Pacifique qui tend à favoriser des conditions atmosphériques propices aux ouragans atlantiques ;

  • des eaux particulièrement chaudes dans l’océan Atlantique tropical ;

  • une mousson africaine très active.

Mousson africaine violente, du Soudan au Cap Vert

En effet, la mousson africaine est l’initiateur principal de nombre de phénomènes cycloniques dans l’Atlantique : de vastes et puissantes lignes de grain traversent pendant la saison des pluies le Sahel en se propageant vers l’ouest. Elles finissent par retrouver l’océan Atlantique tropical où, sur des eaux chaudes et en l’absence de frottements, ces amas orageux sont susceptibles de prendre un caractère cyclonique et d’atteindre le stade de tempête tropicale, voire d’ouragan.

Cette année, cette mousson – comme prévu – a été très intense : au Soudan, le Nil a atteint des niveaux historiques au mois d’août. Les débordements exceptionnels du lac Tchad et les crues historiques du bassin versant du Niger ont également abouti à un niveau inédit du fleuve à Niamey (début des mesures en 1929). De la corne de l’Afrique au Sénégal, on compte des millions de sinistrés.

En bout de course de ces ondes orageuses se trouvent les îles du Cap Vert qui, début septembre, ont coup sur coup subi le passage des tempêtes tropicales René puis Vicky.

Cette région du Sahel qui passe habituellement sous les radars médiatiques est pourtant en première ligne face au changement climatique : la saison des pluies y connaît certes une très forte variabilité d’une année sur l’autre mais une tendance semble se dessiner ces dernières décennies et se retrouve dans les modélisations du climat : des pluies plus violentes entrecoupées de périodes sèches plus marquées. Cette saison exceptionnelle s’inscrit d’ailleurs dans le scénario le plus pessimiste des modélisations climatiques.