Pluies : comment expliquer cette succession de perturbations ?
26/10/2023Depuis la mi-octobre les séquences perturbées défilent sur la France. Et cela va encore continuer. Quelle est la raison de ce temps somme toute bien automnal ?
Encore de la pluie hier
Hier, l'enchaînement de deux perturbations a apporté de conséquents cumuls de pluies des côtes aquitaines aux contreforts ouest du Massif Central, des Savoies au sud Jura et sur les plaines du Grand-Est : généralement 15 à 40 mm sur les dernières 24 h, localement bien plus comme à Prat-de-Bouc (Cantal) et 64,0 mm.
Et ça va continuer...
Ce jeudi, un corps bien pluvieux remonte du Golfe de Gascogne. La première partie s'étire des plaines du Sud-Ouest aux frontières du Centre-Est en passant par le Massif Central. La deuxième circule d'abord du nord Poitou aux plaines normandes et peut occasionner quelques coups de tonnerres. Les deux systèmes se recoupent ensuite en soirée et nuit prochaine sur le Nord-Est (en passant avant cela par le bassin parisien). On attend au bilan entre 20 et 40 mm, voire localement 40 à 60 mm des côtes aquitaines aux contreforts ouest du Massif Central et du Jura aux Alpes du nord.
Demain vendredi, les averses se concentrent en journée sur la frange ouest du pays puis concernent ensuite les régions centrales et l’Est. Le vent de sud-ouest se renforce avec des rafales généralement comprises entre 50 et 60 km/h dans l'intérieur des terres, jusqu'à 70-80 km/h sur les côtes aquitaines et 100 km/h autour du Cap Corse.
Samedi, arrivée d’une nouvelle perturbation qui va onduler sur le pays pendant plusieurs jours à cause d'un flux de sud-ouest persistant. Des pluies devraient également remonter sur les Cévennes.
Une deuxième moitié d'octobre très pluvieuse
Après une première quinzaine d’octobre marquée par une chaleur et une sécheresse remarquables, les pluies, qui ont véritablement commencé à partir du 18 octobre, sont en voie de rattraper le cumul mensuel que l’on attend en moyenne lors d’un mois d’octobre : à ce jour, le cumul s’élève à 79,7 mm à l’échelle de la France pour une normale mensuelle de 93,3 mm. Au vu des prévisions, il est fortement probable que le retard sera comblé d’ici le 31.
Comment expliquer cet enchaînement de perturbations ?
Cette situation s’explique par un courant d’ouest à sud-ouest qui est bien ancré sur l’Europe, faisant office d’une autoroute pour les perturbations qui peuvent circuler librement : le fameux " rail des dépressions " induit par le courant jet. La différence de températures bien marquée entre les hautes latitudes et les régions subtropicales permettent au courant jet de se dresser de l’Atlantique à l’Europe de l’Ouest : cela forme un couloir pour les perturbations pluvieuses qui se forment au large et sont amenées jusqu’à nos portes par cette configuration classique.
Le « rail de dépressions »
Le courant-jet est souvent surnommé le « rail des dépressions » par les météorologues, car il joue un rôle majeur dans l’activité et la trajectoire des dépressions des moyennes latitudes. Cette zone de vents forts est caractérisée par de forts contrastes thermiques entre l’air chaud au sud et l’air froid au nord. Ces contrastes permettent l’alimentation en énergie des dépressions des moyennes altitudes qui, en circulant, vont puiser toute l’énergie liée à cette différence thermique. Une pression se développe ainsi dans le courant-jet et se déplace en le suivant, comme le wagon d’un train sur un rail.
Courant-jet et dépressions
Le courant-jet joue un rôle dans la formation des dépressions et inversement, chaque dépression déforme le courant-jet et a tendance à le repousser vers le pôle : de cette manière, elle exerce durant plusieurs jours une action indirecte sur les trajectoires et l'intensité des dépressions qui lui succèdent. En remontant de l’air chaud vers le nord et l’air froid vers le sud les dépressions modifient la courbure du courant-jet, qui va osciller davantage une fois que les dépressions intenses se forment. Ceci explique le temps très variable d’un jour à l’autre.