Virginie Schwarz : " Deux nouveaux supercalculateurs pour mieux prévoir le temps et les phénomènes dangereux "
03/06/2021Météo-France renouvelle son système de calcul intensif. Ses deux nouveaux supercalculateurs, Belenos et Taranis fournis par Atos Bull Sequena, basé à Angers, sont désormais opérationnels. Cette puissance de calcul considérablement accrue permet à Météo-France d’améliorer ses prévisions et l’anticipation des phénomènes météorologiques dangereux au service, en particulier, de ses missions de sécurité des personnes et des biens et de développer des modèles de climat toujours plus performants. Entretien avec Virginie Schwarz, PDG de Météo-France.
Pourquoi Météo-France doit-il renouveler ses calculateurs ?
" La société est confrontée de façon croissante à des épisodes météorologiques dangereux, dont la fréquence et l’intensité augmentent avec le changement climatique. Les bénéfices d’une prévision météorologique de meilleure qualité, plus précise géographiquement et dans le temps, sont nombreux : prévoir des mesures de protection et de secours en cas de phénomènes dangereux, assurer une meilleure sécurité, adapter une activité économique, par exemple la production d’énergie, etc.
Des modèles performants, une puissance de calcul optimale, des observations de qualité couvrant toute la surface du globe et des prévisionnistes experts sont les ressources clés de l’établissement. La prévision du temps et l’étude du climat doivent s’accompagner de progrès continus pour rester au meilleur niveau de l’état de l’art scientifique et technologique. "
Les bénéfices d’une prévision météorologique de meilleure qualité, plus précise géographiquement et dans le temps, sont nombreux : prévoir des mesures de protection et de secours en cas de phénomènes dangereux, assurer une meilleure sécurité, adapter une activité économique, par exemple la production d’énergie, etc.
Concrètement, comment cela va-t-il se traduire dans les prévisions de Météo-France ?
" L’augmentation de la puissance de calcul va progressivement nous permettre à la fois de fournir des prévisions plus fiables et de mieux anticiper les phénomènes dangereux.
Cette puissance de calcul nous permet de généraliser, en opérationnel, le passage à la prévision probabiliste ou prévision d’ensemble (voir encadré), c’est-à-dire de fournir à nos prévisionnistes plusieurs scénarios à des échelles plus fines, y compris outre-mer. Nos capacités de prévision seront affinées à une échelle de 1,3 km et gagneront 1 à 2 heures d’anticipation. "
Prévoir le temps
La prévision numérique du temps consiste à établir le scénario le plus probable d’évolution du temps, en simulant le comportement de l’atmosphère de manière réaliste, plus vite que dans la réalité.
La prévision déterministe consiste à simuler un scénario d’évolution de l’atmosphère à partir d’une unique description de son état initial.
La prévision d’ensemble consiste à réaliser non plus une seule mais plusieurs simulations, en partant de plusieurs états initiaux de l’atmosphère très légèrement différents. Elle fournit donc un ensemble de scénarios d’évolution de l’atmosphère possibles. Cela permet aux prévisionnistes de quantifier l’incertitude d’une prévision, de mieux évaluer l’intensité possible des phénomènes dangereux et de les localiser plus précisément. La prévision d'ensemble nécessite une puissance de calcul accrue.
Et pour envisager le climat futur ?
" Cette nouvelle puissance de calcul va nous permettre de simuler le climat futur plus finement. Les résultats fournis seront plus riches et plus complexes avec l’apport d’une multiplicité de données, d’échelles, d’interactions et de milieux. Ces simulations sont en particulier utiles pour sensibiliser sur les effets potentiels du changement climatique, selon les politiques menées et aider les décideurs à mieux mesurer ces impacts en France métropolitaine comme ultramarine, à un niveau régional, voire local comme les massifs montagneux ou les grandes métropoles, et préparer les actions d’adaptation. Il faut rappeler que la France, au travers de Météo-France, figure parmi les pays de référence en matière de modélisation du climat et de projections climatiques. "
Ces évolutions technologiques ont un coût pour la société. Comment le justifier ?
" La prévision du temps et l’étude du climat doivent s’accompagner de progrès continus pour rester au meilleur niveau de l’état de l’art scientifique et technologique. Les services potentiels rendus par Météo-France sont en effet limités par des moyens de calcul parvenus à saturation.
Un supercalculateur est rentable pour la société car une meilleure prévision contribue à réduire les conséquences d'un phénomène météorologique sévère et à optimiser quantité d'activités météo-sensibles. Une étude de 2016 avait montré que pour 1€ investi dans les calculateurs de Météo-France, le gain pour la société était de 12 €. Cela tient compte aussi de la capacité à développer des projections climatiques plus précises au service des politiques d’atténuation du changement climatique et d’adaptation à ses effets. "