Comment prévoit-on les avalanches ?
08/12/2023 Il est rigoureusement impossible de prévoir la survenue d'une avalanche, qu'elle soit naturelle ou accidentelle. En revanche, il est possible d'estimer et de prévoir un risque d'avalanche, c'est-à-dire de déterminer une probabilité de déclenchement et d'identifier les zones les plus susceptibles d'être touchées.
Comment prévoir le risque d’avalanche ?
Prévoir le risque d'avalanche consiste à évaluer la stabilité du manteau neigeux et son évolution dans le temps. Pour ce faire, les prévisionnistes de Météo-France combinent plusieurs sources d'information :
- les prévisions des conditions météorologiques sur les zones concernées ;
- les données d'observations du manteau neigeux ;
- des outils de modélisation numérique.
Le Centre d'études de la neige, unité de recherche spécialisée de Météo-France, associée au CNRS et basée à Grenoble, assure la coordination de la prévision du risque d'avalanche à l'échelle nationale. Il encadre le fonctionnement du réseau d'observation, suit la qualité et la cohérence des prévisions et travaille en concertation avec les professionnels de la montagne
Météo-France dispose de quatre centres spécialisés : le Centre Météorologique des Alpes du Nord (3 sites : Chamonix, Bourg-Saint-Maurice et Grenoble), le Centre Météorologique des Alpes du Sud (Briançon), le Centre Météorologique des Pyrénées ( 2 sites : Tarbes et Foix) et le Centre Météorologique de Corse (Ajaccio). Des prévisionnistes-nivologues y produisent des prévisions du risque d'avalanche pour les massifs alpins, pyrénéens et corses.
Un réseau d’observation en montagne
En collaboration avec des acteurs de la montagne (Association nationale des maires des stations de montagne, Domaines skiables de France et Association nationale des directeurs de pistes et de la sécurité de stations de sports d'hiver), Météo-France a mis en place , depuis plus de 50 ans, un réseau d'observations météorologiques et du manteau neigeux. Ce réseau comprend 130 stations situées entre 1 000 et 2 500 m d'altitude dans les trois principaux massifs métropolitains : Alpes, Corse, Pyrénées ainsi que quelques postes en moyenne montagne.
Le réseau fonctionne essentiellement grâce à une collaboration avec les stations de sports d'hiver. Les pisteurs des stations fournissent à Météo-France des observations deux fois par jour : température, vent, couverture nuageuse et précipitations, hauteur et qualité de la neige, occurrence de transport de neige par le vent et avalanches observées. Une fois par semaine, ils réalisent des profils détaillés du manteau neigeux et fournissent une description détaillée de sa structure et de sa stabilité
29 stations automatiques (Nivôses) situées entre 1 600 et 3 100 m dans des secteurs inaccessibles à l'observation humaine complètent le réseau.
L'ensemble des observations est mis à disposition des prévisionnistes avalanche et alimente la chaîne de modèles de prévision du risque d'avalanche. Elles sont également utilisées pour des études climatologiques.
Des modèles spécifiques de manteau neigeux
La stabilité du manteau neigeux est évaluée grâce à la chaîne de modèles SAFRAN-Crocus-MEPRA, développée au Centre d'études de la neige.
À partir d'observations et de prévisions météorologiques, SAFRAN fournit heure par heure les conditions atmosphériques passées et prévues de chaque massif, pour différentes altitudes.
Ces données alimentent Crocus, qui simule à l'échelle du massif les principaux processus à l’œuvre au sein du manteau neigeux, en fonction de l'altitude, de l'exposition et de la pente.
Enfin, MEPRA évalue le risque d'avalanche à partir des caractéristiques du manteau neigeux simulées par Crocus.
Cette chaîne de modèles est également utilisée pour l'étude du transport de neige par le vent et l'étude des effets du changement climatique sur les conditions météorologiques et d'enneigement en zones de montagne.