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Météo-France

Mai-juin 2016 : crues centennales dans le nord de la France

04/03/2020

Après de nombreux passages pluvieux au cours du mois de mai, un épisode de pluies très abondantes a affecté une grande partie de la France du 28 au 31 mai. Cette forte pluviométrie a provoqué de nombreuses crues et inondations fin mai-début juin sur la moitié nord, notamment en Île-de-France et dans le Centre-Val de Loire.

Des pluies exceptionnelles

Sur la période du 28 mai au 1er juin, les départements les plus affectés par ces fortes pluies ont été le Loiret, le Loir-et-Cher, le Cher, l'Essonne et l'Yonne.

Trois mois de pluie en 4 jours

Sur tous ces départements, la quantité d'eau tombée en trois jours est sans équivalent sur la période 1960 à nos jours. De tels cumuls sont atteints en moyenne tous les 10 à 50 ans, localement tous les 100 ans. À l'échelle du département du Loiret, on a par exemple relevé 115 mm* et localement 158 mm à Melleroy (plus fort cumul relevé lors de ces 5 jours), proche du Loing amont.

La journée du 30 mai a été la plus pluvieuse : à Trappes (Yvelines) et Orléans (Loiret), il est tombé l'équivalent d'un mois de précipitations (autour de 65 mm).

Les cumuls en quatre jours ont souvent atteint 80 à 120 mm sur le Centre et l'Île-de-France, soit l'équivalent de trois mois de précipitations sur ces régions.

Un mois de mai 2016 exceptionnel

Dans sa globalité, le mois de mai 2016 est exceptionnel. De nombreux records mensuels de précipitations ont en effet déjà été battus : à la station de Paris-Montsouris, le cumul mensuel atteint 179 mm, soit environ 3 mois de précipitations** (ancien record : 133 mm en mai 1992). À Orléans, on a relevé 181 mm, soit là aussi environ 3 mois de précipitations (ancien record : 148 mm en mai 1985). Il s'agit du record de précipitations mensuel, tous mois confondus.

À l'échelle de la région Île-de-France, la pluviométrie de mai est proche du record absolu de décembre 1999.

Les six premiers mois de 2016 se caractérisent par une pluviométrie excédentaire sur la quasi-totalité du pays, de plus de 30 % en moyenne sur le pays, à l'exception des régions méditerranéennes.

Des crues centennales

Cet épisode pluvieux, localement exceptionnel, a provoqué des crues centennales, notamment sur le bassin du Loing, de l'Yonne et de la Seine. La crue s'est propagée jusqu'à Paris, atteignant le pic de 6,10 mètres dans la nuit du 3 au 4 juin. Cette crue printanière a été équivalente par son ampleur aux plus fortes crues hivernales du XXe siècle. Paris et sa région ont en effet connu plusieurs crues majeures de la Seine en janvier 1910 (8,62 m), janvier 1924 (7,32 m), janvier 1955 (7,12 m) et plus récemment en janvier 1982 (6,18 m).

Ces intempéries et crues ont provoqué de nombreux dégâts.

Quid du changement climatique ?

Il n'est pas possible d'attribuer ce type d'événement (uniquement) au changement climatique. Il s'agit d'événements rares, qui sont principalement la conséquence d'une situation météorologique particulière.

Cependant, on peut se demander si le changement climatique (la perturbation anthropique du climat) est susceptible de modifier la probabilité d'occurrence d'un tel événement. Nous ne disposons pas d'étude spécifique sur la France. En revanche le consensus issu notamment du dernier rapport du Giec (Groupe intergouvernemental d'experts sur le climat), indique une intensification des épisodes de fortes précipitations dans un climat plus chaud.