Ciarán et Domingos : la France balayée par deux violentes tempêtes

07/11/2023

La France a été touchée par deux violentes tempêtes la semaine dernière, Ciarán et Domingos, dont la trajectoire et l'intensité avaient été très bien prévues par Météo-France plusieurs jours à l'avance. Le niveau de Vigilance rouge a été déclenché mercredi 1er novembre dans la Manche, le Finistère et les Côtes d’Armor. Il a permis d’avertir efficacement les services de l’État et les populations.

Que s’est-il passé ?

La France a été touchée la semaine dernière par deux tempêtes successives, Ciarán et Domingos.

Ciarán

Pendant la nuit de mercredi 1^er novembre à jeudi 2 novembre, Ciarán, nommée par les services météorologiques irlandais, a provoqué des vents exceptionnels sur le Nord-Ouest du pays avec de nombreux records battus. La conjonction de niveaux marins relativement élevés et de très fortes vagues ont engendré des submersions sur les zones basses ou exposées du littoral.

Le jeudi après-midi, les vents ont toujours été forts en Manche et ont généré de très fortes vagues, ainsi qu’une surélévation temporaire du niveau de la mer (surcote). Dans le même temps, le vent est resté soutenu le long des côtes du Sud-Ouest et la forte houle générée par Ciarán s’est propagée en fond du Golfe de Gascogne.

Le jeudi soir, la tempête Ciarán s’est évacuée lentement par le Nord. Les vents se sont atténués peu à peu, avec encore ponctuellement 100 à 120 km/h dans les terres des départements du nord de la France.

En soirée, les averses se sont néanmoins poursuivies sur la Corse, prenant parfois un caractère orageux. Sous les orages, les rafales ont pu atteindre jusqu'à 90-100 km/h, localement 110 km/h sur le littoral et 120-130 km/h, localement 140 km/h sur le relief.

Domingos

Deux jours après la tempête Ciarán, une nouvelle tempête Domingos, significative bien que moins violente, a frappé la façade ouest de la France. La tempête Domingos a donné de très fortes rafales sur le nord de la Nouvelle-Aquitaine, débordant localement sur les Landes et de la Vendée jusqu'au Morbihan. Elle a provoqué de fortes pluies, un risque de crues, notamment sur le Centre-Ouest, et de submersions marines en Méditerranée et sur la Corse.

Quelques valeurs de rafales de vent relevées au passage de Domingos :

Cognac (16) : 144 km/h ;
Niort (79) : 136 km/h ;
Poitiers-Biard (86) : 129 km/h.

L’avait-on prévu ?

La trajectoire, la chronologie et l'intensité des tempêtes ont été conformes aux prévisions établies par Météo-France. C’est ce que montrent ces deux visuels, la carte de prévision émise trois jours avant le passage de la tempête et l’image satellite prise le jeudi à 00h UTC, à l'approche de la tempête Ciarán.

Le niveau de Vigilance rouge a été déclenché dans trois départements le mercredi 1er novembre à 6 h pour un début d’événement le jeudi 2 novembre à 00 h. Ce niveau de Vigilance, le plus élevé du dispositif, a permis d’avertir efficacement les services de l’Etat et les populations. Il a permis aux autorités de déployer les moyens nécessaires pour protéger les biens et les personnes.

Pourquoi et comment sont nommées les tempêtes ?

Donner un nom aux tempêtes permet de communiquer plus efficacement à l'approche d'un phénomène de vent violent. En partenariat avec les services météorologiques AEMET (Espagne), IPMA (Portugal) et IRM (Belgique), Météo-France nomme les tempêtes susceptibles de toucher l'un de ces quatre pays. METEOLUX (Luxembourg) fait également partie du groupe depuis 2021.

Voici la liste des noms de tempêtes établies pour 2023-2024.

Ces tempêtes sont-elles exceptionnelles ?

Qualifiée de violente tempête automnale, Ciarán s’avère être la tempête la plus sévère sur la Bretagne depuis “l’ouragan” de 1987. Sur le Nord du Finistère, et le littoral des Côtes d’Armor, les valeurs de vent ont dépassé celles rencontrées lors cet événement de 1987. Sur le reste de la Bretagne et sur la Normandie, les valeurs de vent ont été inférieures à celles de 1987, qui reste la tempête de référence sur cette région.

En termes d'intensité, de force du vent, Ciarán est comparable à la tempête Lothar de 1999 sur les départements en rouge. En revanche, son étendue géographique est bien moindre. Pour Lothar, pratiquement toute la France a été touchée par des vents à plus de 100 km/h et 46 départements auraient été placés en vigilance rouge.

Des tempêtes historiques

"L’ouragan" de 1987, la tempête de novembre 1982 et les tempêtes Lothar et Martin se distinguent quant à la surface touchée par des vents supérieurs à 160 km/h : environ 3 % du territoire métropolitain pour les 3 premières et 6 % pour Martin.

Les tempêtes remarquables en Bretagne et Normandie

Depuis 1980, la Bretagne a été frappée par 180 tempêtes dont la plus importante est celle de 1987, nommée “Ouragan 1987” engendrant des rafales exceptionnelles sur la Bretagne de 120 à 150 km/h dans les terres et 170 à 200 km/h sur les régions côtières. Cette tempête avait également balayé la Normandie avant de s’évacuer par les Hauts-de-France.

Parmi les fortes tempêtes en termes d’intensité, on peut également citer :

Lothar le 26 décembre 1999 : La Bretagne est fortement impactée, on relève notamment 173 km/h à Saint Brieuc.
Herta le 3 février 1990 : elle concerne presque tout le pays, mais c’est sur la moitié nord que les rafales sont les plus violentes. Dans le Morbihan et le Finistère, les rafales de vent dépassent localement les 140 km/h.
Daria le 25 janvier 1990 : cette tempête atlantique est la première d’une série de tempêtes en 1990, et touche une large moitié nord du pays. En Bretagne les rafales dépassent localement les 150 km/h, et les vents moyens sont également soutenus.

Doit-on s’attendre à plus de tempêtes sous l’effet du réchauffement climatique ?

Contrairement à l’évolution des vagues de chaleur, il n’existe pas de consensus scientifique clair sur l’effet du changement climatique sur l’évolution de la fréquence ou de l’intensité des tempêtes en France. On n’observe pas de tendance significative sur les évolutions passées depuis plus de 40 ans. En climat futur, les projections ne s’accordent sur une aggravation du risque de tempêtes que sur le nord de l’Europe en seconde moitié de 21^e siècle.
Par ailleurs, de manière générale, sous l’effet du changement climatique, on s’attend à une intensification des précipitations les plus fortes. La hausse du niveau des mers, autre effet du changement climatique, conduit à une aggravation des surcotes pour une même intensité de tempête.