Info climat Il fait chaud sur la France depuis le 1er juin.

Infoclimat / Michel HENOT

Chaleur sur le pays, surtout au nord. Est-ce remarquable pour la saison ?

15/06/2023

Depuis le début du mois les thermomètres indiquent souvent plus de 25 ou 30 °C l'après-midi, surtout sur la moitié nord du pays. Est ce que cette situation est remarquable ? Peut-on parler de vague de chaleur ? Quelles en sont les conséquences ? Y-a-t-il un lien avec le changement climatique ?

Il fait chaud depuis début juin. Est-ce remarquable ?

Depuis le début du mois, le pays est sous l’influence d’une masse d’air chaud avec des températures souvent 4 à 6 degrés au-dessus des normales. Ce qui est remarquable, c’est la persistance de cette masse d’air depuis maintenant 2 semaines.
À l’échelle de la France, la température moyenne du 1er au 14 juin est de 20,8 °C avec une anomalie positive de +2,6 degrés. Sur cette période de l’année, c’est la seconde valeur la plus élevée derrière 2003 (du 1er au 14 juin 2003, la température moyenne était de 21,86 °C, soit une anomalie de +3,65 degrés).
Quand on regarde dans le détail, on constate que l’anomalie est souvent plus marquée sur la moitié nord (à l’exception des côtes de la Manche) que sur la moitié sud.
Par exemple, on a une anomalie de +3,28 degrés sur les Hauts-de-France ou de +3,42 degrés sur le Centre-Val de Loire. A contrario, l’anomalie n’est que de +1,54 degrés sur l’Occitanie et on est proche de la normale sur la Provence-Alpes-Côte d’Azur avec une anomalie de +0,11 degré.

Dans certaines villes, les moyennes des températures maximales sur les 2 premières semaines de juin battent des records :

  • Lille : température maximale moyenne : 26,5 °C (ancien record 25,2 °C en 1950) ;
  • St-Dizier : température maximale moyenne : 28,9 °C (ancien record 28,0 °C en 2003) ;
  • Nantes : température maximale moyenne : 28,1 °C (ancien record 25,8 °C en 2021).

À quoi s'attendre ces prochains jours ?

Pour les prochains jours, les températures vont rester élevées sur l’ensemble du territoire. Ce week-end, à l’approche d’une dépression sur le proche atlantique, de l’air plus chaud en provenance d’Espagne gagnera les régions les plus méridionales. Samedi, on dépassera le seuil des 30 °C sur la plupart des régions et on approchera parfois 35 °C dans les plaines du Sud-Ouest ou dans l’arrière-pays méditerranéen.

Comment expliquer cette situation durable ? 

Cette situation s’explique par la persistance de hautes pressions sur le nord de l’Europe depuis le début du mois. Les conditions plus dépressionnaires et plus orageuses près de la Méditerranée ont limité l’excès de chaleur sur les régions les plus méridionales.

 

A-t-on déjà connu une situation similaire début juin ?

On a déjà connu des températures élevées sur les 2 premières semaines de juin.  On peut citer l’exceptionnel mois de juin 2003. Mais la situation n’était pas la même avec des hautes pressions centrées plutôt sur l’est du pays. Il avait fait très chaud dans le Centre-Est. À Lyon par exemple on avait dépassé 11 fois le seuil des 30 °C (sur 14 jours) et on avait relevé 36,2 °C le 12 juin et 36,8 °C le 14 juin (cette année, le seuil des 30 °C n’a pas encore été atteint).

Parle-t-on de vague de chaleur ? Pourquoi ?

On ne peut pas parler de vague de chaleur. La notion de vague de chaleur correspond à des critères précis sur l’indicateur thermique national. Ces critères ne se sont pas réalisés entre le 1er et le 14 juin.

Quelles sont les conséquences sur la sécheresse et le risque incendie ? 

Les conditions anticycloniques sur le nord du pays ont favorisé un temps très sec sur la moitié nord du territoire. La situation est plus contrastée sur la moitié sud : en effet, de très nombreux orages ont parfois facilité une humidification des sols. Mais tous les départements n’ont pas été arrosés de la même façon et les sols du Roussillon par exemple restent encore extrêmement secs.
Des sols très secs et des températures élevées augmentent naturellement le risque d’incendie.

Cette chaleur est-elle précurseur de l'été à venir ?

Non, ce n’est pas un précurseur de l’été à venir. À ce stade, tous les scenarii sont encore possibles pour les mois de juillet et d’août. Comme pour toute situation météorologique, tout dépendra de la position des centres d’action principaux (anticyclones, dépressions), position qui peut être très variable d’une année sur l’autre.

Est-ce lié au changement climatique ?

On ne peut pas lier un événement ponctuel directement au changement climatique. Comme vu précédemment, cet événement est d’abord lié à la situation météorologique.
La même situation il y a 4 ou 5 décennies aurait favorisé également des températures élevées sur le pays. Mais pour cette même situation, et en raison du changement climatique, les valeurs n’auraient peut-être pas été aussi élevées que cette année.