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IISC7 - Sécurité civile

Le cyclone Chido a frappé Mayotte le 14 décembre 2024

14/12/2025

Il y a un an, le 14 décembre 2024, le cyclone tropical intense Chido frappait de plein fouet l'ensemble de l'île de Mayotte, avec des conséquences dévastatrices pour le territoire et la population. Les rafales observées ont dépassé les 200 km/h. Un cyclone comme l'île n'en avait pas connu depuis plus de 90 ans. Cet évènement nous rappelle la vulnérabilité de nos territoires face à ces événements climatiques et toute l'importance des services météorologiques dans l'anticipation des ces phénomènes extrêmes.

Chido, un cyclone hors-norme

Le cyclone Chido est un épisode exceptionnel pour Mayotte en termes d’impact, bien supérieur à Kamisy (avril 1984) qui était la dernière référence cyclonique à Mayotte. Il faut probablement remonter au cyclone du 18 février 1934 pour retrouver un impact aussi violent sur le département.

Le caractère exceptionnel de Chido tient surtout à sa trajectoire d’est en ouest lui permettant de contourner Madagascar par le nord. En termes d’intensité, on observe en moyenne trois phénomènes par an d'intensité équivalente à celle de Chido sur le bassin.

« Un an après, Mayotte reste marquée par les dégâts occasionnés. La reconstruction du territoire peut aussi être l'occasion d'une réflexion globale vers une meilleure prise en compte des effets du changement climatique, appuyée par les données et indicateurs récemment mis à disposition sur Mayotte », selon Céline Jauffret,  directrice interrégionale de Météo-France pour la zone océan Indien.

« Chido a été une crise "hors norme" et longue, mobilisant de nombreuses personnes de l’établissement sur plusieurs mois pour l'anticipation du phénomène et la gestion de ces conséquences sur le territoire. Le travail de Météo-France, notamment en termes d'anticipation du phénomène, a été souligné par divers acteurs. Il reste encore beaucoup à faire, collectivement, pour mieux sensibiliser les populations. Immédiatement après le passage du cyclone et dans la durée, l'accompagnement des collègues de Mayotte, eux-mêmes durement touchés par Chido, et la continuité d'activité météorologique ont été les deux priorités des équipes. »

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Chronologie du cyclone Chido

Le cyclone intense Chido a traversé l’île de Mayotte, samedi 14 décembre, avec des vents dévastateurs. L’œil du cyclone a abordé le nord de la Grande-Terre vers 11 h, samedi, au niveau de la ville de Bandraboua pour ressortir environ 30 minutes après vers la ville d'Acoua sur la côte nord-ouest. Le mur de l’œil a concerné la Petite-Terre ainsi que les régions nord et centre de la Grande-Terre.

Des rafales généralisées à plus de 200 km/h

Sur l’ensemble du territoire, les rafales observées ont dépassé les 180 km/h, voire plus de 200 km/h dans le mur de l'œil du cyclone. On a relevé dans le mur de l’œil 226 km/h à Pamandzi et 194 km/h avant rupture de la réception des données à Coconi. Des rafales approchant 250 km/h ont pu être atteintes sur le nord de Petite-Terre et la moitié Nord de Grande-Terre, concernées par le passage du mur de l’œil, qui est la zone théorique des vents maximaux.

Les rafales ont dépassé les :

  • 100 km/h pendant un peu moins de cinq heures,
  • 150 km/h pendant environ trois heures,
  • 200 km/h pendant environ 45 minutes.

Cela témoigne de la compacité et de la vitesse de déplacement rapide du cyclone.

Des pluies intenses

Le cumul de pluie le plus élevé sur la durée de l’épisode est de 176,4 mm relevé à la station de Vahibé dans les hauts de Mamoudzou. Le réseau de mesures de Météo-France a souffert des conditions cycloniques et bon nombre de données n’ont plus été transmises à l’approche du mur de l’œil. Les cumuls de précipitations sont estimés à 176 mm en 12 heures, les pluviomètres ayant cessé d’envoyer des données.

Une mer dangereuse et des submersions marines

Une dégradation de l'état de la mer a été observée avec des vagues moyennes de 5 m 30 et des hauteurs maximales de 9 m 30 en dehors du lagon au nord-ouest de l’île.

Comment s’est formé Chido ?

Une zone de basses pressions a été détectée dans la nuit du 5 au 6 décembre 2024 sur l’est du bassin.

Dans la nuit du 9 au 10 décembre, Chido a atteint le stade de tempête tropicale. Profitant d’un environnement océanique favorable avec des températures de surface proches de 30 °C et des eaux chaudes très profondes ainsi que d’un cisaillement en baisse, il s’est alors intensifié rapidement, ravageant l’île d'Agaléga en tant que cyclone tropical intense moins de 48 h plus tard. Chido s’est déplacé rapidement vers l’ouest en suivant une trajectoire peu fréquente et extrêmement défavorable pour Mayotte, qui l’a fait contourner Madagascar par le nord, puis se diriger droit vers l’île aux parfums. Dès les premières heures du 14 décembre, il a abordé Mayotte au stade de cyclone tropical intense.

Le changement climatique a-t-il joué un rôle dans sa trajectoire ou son intensité ?

Les impacts de Chido sont avant tout la conséquence de sa trajectoire et de son passage sur l’île de Mayotte. Il s’agit d’un événement très rare pour Mayotte (dernier événement comparable il y a quatre-vingt-dix ans). L’état actuel des connaissances ne permet pas de conclure que le changement climatique ait rendu ce type de trajectoire plus ou moins fréquente. On ne peut pas non plus affirmer, en l’état actuel des connaissances, que le changement climatique a favorisé cet événement, ni qu’il l’a rendu plus intense.

Pour aller plus loin : Quel est l'impact du changement climatique sur les cyclones ?