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Météo : que peut-on prévoir et à quelle échéance ? 

10/12/2025

Va-t-il pleuvoir demain ? Un orage va-t-il éclater ce soir ? Devrait-il faire très chaud la semaine prochaine ? Tous les phénomènes météorologiques ne peuvent pas être prévus à la même échéance. Certains se dessinent clairement une semaine à l’avance, d’autres ne peuvent être prévus précisément qu’à quelques heures d’échéance.

Quels phénomènes peut-on prévoir à longue échéance ?

Les phénomènes de grande échelle sont des phénomènes prévisibles à longue échéance, c’est-à-dire plus de 4 ou 5 jours à l’avance.

C’est le cas des vagues de chaleur ou des vagues de froid. Ces épisodes de températures extrêmes sont les plus faciles à prévoir, car on les voit venir de loin ! Ils résultent de masses d’air qui s’étendent sur des milliers de kilomètres et évoluent sur plusieurs jours.

Il s’agit donc typiquement d’un phénomène de grande taille et durable, par nature d’une bonne prévisibilité. On peut ainsi anticiper l’arrivée de ce phénomène parfois une semaine à l’avance, voire davantage.

À retenir

Les phénomènes météorologiques de grande taille et de longue durée de vie, comme une vague de chaleur, sont prévisibles plusieurs jours à l’avance. À l’inverse, plus un phénomène est de petite taille et de courte durée de vie, plus il est difficile à prévoir. C’est le cas des orages, des averses, par exemple.

Comment prévoit-on la température ?

La température de l’air que l’on mesure près du sol dépend largement de la température de la masse d’air à cet endroit. Ces masses d’air sont de dimensions importantes, et donc assez prévisibles avec une anticipation de plusieurs jours.

Néanmoins, des caractéristiques locales de plus petite taille, parfois mal représentées dans les modèles (présence de zones humides, ou dotées d’un sol de nature particulière comme un sol sableux), ou alors des éclaircies localisées difficilement prévisibles dans une couche de grisaille peuvent influer significativement sur la température proche du sol, et rendent la prévision de température incertaine localement.

Si la température de la masse d’air peut être prévue plusieurs jours à l’avance, il est plus difficile, et même parfois impossible, d’estimer la durée de l’épisode avant qu’il ne débute réellement. En effet, les vagues de froid et de chaleur peuvent s’auto-entretenir ce qui est difficile à estimer initialement. Les prévisions pour la fin de la vague de chaleur (ou de froid) sont ainsi réévaluées chaque jour pour les jours qui viennent. C’est pourquoi la durée d’une vague de chaleur et le risque de canicule peuvent difficilement être anticipés au-delà de 2 à 3 jours.

Quels phénomènes peut-on prévoir quelques jours à l’avance ? 

Certaines situations météorologiques, comme les tempêtes, peuvent être prévues 1 à 3 jours à l’avance. Cela dépend notamment de la capacité des modèles de prévision numériques du temps à anticiper ces phénomènes.

Une tempête (vent violent, vagues-submersion…)

Une tempête est déclenchée par le creusement d’une dépression qui vient circuler aux abords de notre pays. La différence de pression entre le cœur du phénomène et la pression environnante conditionne la force du vent qui tourne autour du centre dépressionnaire. 

En général, les dépressions sont bien modélisées quelques jours à l’avance, avec une intensité assez proche de la réalité et une zone géographique assez bien ciblée à l’échelle régionale… Néanmoins, l’impact des vents les plus forts touche une zone géographique réduite, souvent une bande de quelques dizaines de kilomètre, qui est difficile à prévoir finement jusqu’à une échéance proche du phénomène.

Une perturbation pluvieuse

Une perturbation se traduit par le passage d’un front (front froid ou front chaud par exemple) chargé d’humidité, lié à une dépression des moyennes latitudes. Comme évoqué dans le cas précédent de la tempête, un front pluvieux est un phénomène météorologique de grande taille (plusieurs centaines de kilomètres) dont la  prévisibilité est assez bonne à quelques jours d’échéance. On peut donc assez bien anticiper un passage pluvieux de ce type quelques jours avant.

D’une façon générale, on peut anticiper quelques jours à l’avance les conditions propices à la plupart des phénomènes météorologiques : pluies, précipitations neigeuses, risque d’orages, formation de brouillard… Par exemple, on peut anticiper quelques jours à l’avance des conditions anticycloniques, humides dans les basses couches, avec un vent faible, propices à la formation de brouillard. Mais anticiper finement les zones touchées et caractériser l’intensité de ces phénomènes peut s’avérer plus délicat.

Quels phénomènes prévoit-on plus difficilement même à très courte échéance (moins d’1 jour à l’avance) ?

Vous avez remarqué ? Il peut parfois pleuvoir chez vous, mais pas dans la localité voisine située à 2 km ! Les orages, les averses, la neige en plaine, sont parmi les phénomènes météo les plus complexes à prévoir finement. On sait qu’ils vont se produire, mais on ne peut les localiser précisément que quelques heures à peine avant leur survenue.

Une averse/un orage à un endroit précis

Lorsque l'atmosphère est suffisamment humide et instable, les nuages bourgeonnent et une averse, éventuellement orageuse, peut se former. Si ce mécanisme est bien connu et simulé dans les modèles météorologiques, il est cependant très difficile voire impossible de prévoir exactement à quel endroit l’averse va se déclencher. Les processus physiques à l'origine des orages sont complexes et font intervenir de nombreux "ingrédients" atmosphériques : cela dépend notamment des conditions exactes de température et d’humidité observées près du sol, qui ne sont qu’approchées par la modélisation, avec une résolution plus ou moins fine.

En l’état actuel des sciences météorologiques, on peut prévoir un risque d’averses ou d’orages, en anticipant des conditions favorables à leur déclenchement sur des zones géographiques assez larges, comme à l’échelle du département, mais pas leur localisation précise, ni leur intensité. Les modèles à plus haute résolution permettent cependant de progresser dans la prévision des orages.

Pour anticiper les risques à très courte échéance et contribuer à en prévenir les dangers, nos experts ont recours à la prévision immédiate : en combinant les observations radar les plus récentes et les données de prévision, on peut extrapoler dans l'heure qui vient le risque d'averse. C’est par exemple les informations données par la prévision de pluie dans l'heure. 

La neige en plaine

On prévoit bien les conditions dans lesquelles se forme la neige, avec un conflit de masses d’air et la présence de nuages précipitants, avec des températures qui restent négatives quasiment jusqu’au niveau du sol. Les choses se compliquent lorsque la température est voisine ou légèrement supérieure de 0°C. Une erreur même minime de prévision des températures proches du sol peut impacter considérablement la chute de neige. S’il fait un peu plus chaud que prévu, la neige va fondre juste avant d’arriver près du sol, et c’est ainsi la pluie qui tombera à la place. A l’inverse, le phénomène d’isothermie va avoir tendance à refroidir la masse d’air et la neige va pouvoir tomber plus bas qu’estimé au départ.

Prévoir si ces précipitations seront sous forme de neige lorsqu’elles atteindront le sol et qu’elles tiendront au sol est toute la difficulté de ces situations. La température de l’air et du sol sont des éléments clés, sans être les seuls à être pris en compte par les prévisionnistes. Et cela peut se jouer au degré près.

Lire aussi : Comment prévoit-on la neige en plaine ?

Nuages et brouillards

En situation anticyclonique d’automne ou d’hiver, l’humidité dans les basses couches de l’atmosphère est plaquée au sol sous l’effet de mouvements verticaux descendants dans l’atmosphère que l’on appelle la subsidence.

La formation du brouillard va dépendre des conditions locales : en dehors de certaines zones naturellement plus humides comme des vallées qui abritent un cours d’eau, une prévision fine du brouillard reste plus complexe  jusqu’aux échéances de quelques heures. La dissipation des brouillards et des nuages en général est aussi difficile à anticiper quelques heures à l’avance. Comme le soleil reste bas et rayonne moins en ces saisons, il réchauffe plus difficilement cette couche de grisaille qui peut ainsi persister plusieurs jours de suite. Néanmoins, il arrive que de l’air plus sec s’infiltre, ou que la turbulence atmosphérique augmente avec une augmentation du vent, permettant la dissipation de ces grisailles, parfois de façon très locale et temporaire. Les modèles météorologiques représentent encore mal ces couches de grisaille et sont d’une aide limitée pour anticiper ces évolutions, qui, bien souvent, ne se constatent qu’au dernier moment.