Laurent Heurley / L’Œildu climat / Météo-France
La fonte des glaciers
09/12/2025Les glaciers font partie des paysages et des écosystèmes de nos montagnes dans les Alpes et les Pyrénées. Sur l’ensemble de la planète, les glaciers de montagne rétrécissent à une vitesse sans précédent. Dans les Alpes, la moitié du volume de glace a déjà disparu depuis 1900. Dans les Pyrénées, il ne reste plus que 10 % des glaciers présents il y a un siècle, et ils auront totalement disparu dans une dizaine d’années.
Recul des glaciers de montagne
Au niveau mondial, les glaciers ont perdu en moyenne 5 % de leur volume entre 2000 et 2023, selon une récente publication dans la revue Nature, avec un rythme qui s’accélère au fil des ans. Les glaciers d’Europe centrale, notamment ceux des montagnes françaises, sont les plus touchés par le changement climatique.
Affecté par le changement climatique, l’enneigement est en baisse sur tous les massifs français. En montagne, la hausse des températures est plus rapide encore qu’en plaine et provoque la fonte de la neige rapide en été, induisant le recul des glaciers.
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Le saviez-vous ?
Le développement des glaciers dépend de l’équilibre entre l’accumulation de neige au cours de l’hiver et sa fonte ou ablation au cours de l’été. Du fait de leur surface blanche, le manteau neigeux et les glaciers réfléchissent une partie du rayonnement solaire et sont des régulateurs du climat. Ce sont aussi des réservoirs naturels d’eau douce. En fondant progressivement durant le printemps et l’été, quand les précipitations se font plus rares et la demande plus importante, ils maintiennent le débit des cours d’eau.
Quelques exemples de glaciers français
Le glacier d'Argentière (massif du Mont-Blanc)
Dans la vallée de Chamonix (Haute-Savoie), les simulations climatiques indiquent que selon un scénario modéré d’émissions de gaz à effet de serre, le glacier d’Argentière devrait disparaître vers la fin du 21e siècle. Dans l’hypothèse la plus pessimiste, il pourrait disparaître avant 2080 (étude Vincent et al, 2021).
Le glacier d’Ossoue, dans les Pyrénées (massif du Vignemale)
Les travaux de suivi et d’étude du glacier d’Ossoue, figure emblématique du massif du Vignemale, montrent une perte de 78 % de sa surface entre 1850 et 2023. À son maximum d’extension autour du petit âge glaciaire (entre le début du 14e siècle et la fin du 19e siècle), on estime que sa superficie atteignait 1 kilomètre carré. Si les conditions climatiques des prochaines années poursuivent leur tendance actuelle, ce glacier disparaîtrait au plus tard à l’horizon 2050, voire d’ici à une dizaine d'années d’après une étude récente.
Photos comparées
Crédit : Pierre René, président de l’association Moraine
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Quels sont les impacts de la fonte des glaciers ?
« Les glaciers sont très sensibles aux évolutions de température, ils sont des témoins du réchauffement observé », rappelle Jean-Michel Soubeyroux, directeur scientifique adjoint de la direction de la Climatologie et des Services climatiques à Météo-France. Leur recul rapide entraîne des éboulements, des crues glaciaires et une baisse de la ressource en eau pour les vallées en été, car ils alimentent rivières et nappes phréatiques pendant la saison sèche.
La fonte des glaces contribue, avec la dilatation des océans, à l’élévation du niveau de la mer déjà visible sur les côtes françaises. Elle accélère l’érosion du littoral et accroît le risque de submersion. Des tempêtes accompagnées de surcotes marines, c’est-à-dire d’élévation temporaire du niveau de la mer sous l’effet du vent et de la pression atmosphérique, peuvent inonder des zones habitées, endommager les infrastructures portuaires et favoriser l’intrusion d’eau salée dans les nappes phréatiques. Ces menaces pèsent sur des millions de personnes et sur des activités économiques aussi diverses que l’agriculture côtière ou le tourisme balnéaire. Et cette pression sur les écosystèmes côtiers s’ajoute à d’autres bouleversements environnementaux.
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